Elle vient, se poste devant moi et… rompt la poche des eaux.

On est entre le 29 et le 30 octobre 2014. Mes premiers signes sont des douleurs inhabituelles qui me font aller faire un monitoring dans l’hôpital le plus proche (mais dépourvue de maternité…), et on m’indique des contractions de travail et un col à 3 cm.
Nous partons donc pour l’hôpital que nous n’avons pas vraiment choisis (dans cette région plutôt reculée les maternités sont loins et en hiver les routes enneigées nous empêchent d’accéder à la plupart d’entre elles), et nous arrivons vers 18h.

Nous sommes un peu perdus, mais on ne nous explique rien: nous sommes mis dans une chambre immédiatement, et après avoir posé le monitoring on nous laisse pendant un temps difficilement mesurable. Je me sens mal allongée, mais je ne peux pas vraiment bouger jusqu’à ce que ça devienne moins supportable. J’appelle la sage femme (aucune présentation, jamais, je n’ai aucune idée de qui m’a accouchée…), qui a l’air ravie de voir que je suis passée de 3cm à 5, et que c’est donc l’heure de la péridurale.

Heureusement que c’était dans mes désirs, mais on ne m’a pas vraiment donné le choix…
On passe dans une autre salle pour l’anesthésie, puis on me place dans une autre, et mon conjoint est obligé d’aller chercher nos affaires dans la première chambre puisqu’à priori il ne semble pas qu’on y retournera, et la encore nous sommes laissé seuls sans explication de la suite.

Je ne sens plus rien, mon conjoint s’endort près de moi et le seul moment où nous voyons une sage femme, elle vient, se poste devant moi et… rompt la poche des eaux.

Je n’ai rien demandé, et on ne m’a pas informé non plus. Elle disparaît, je suis donc de nouveau seule, mais mouillée et perdue.

Il faut encore un temps indicible avant que j’appelle quelqu’un pour savoir ce qu’il se passe. Là encore, une sage femme ravie : je suis à 10, on peut pousser.

Je ne sens rien, je ne me sens pas participante, plutôt un ventre à vider rapidement.

Ma fille vient au monde comme ça, et on me fait des points qui me font mal tandis que j’essaye de me faire à l’idée que ce bébé qu’on vient de me jeter dans les bras est le mien, avant qu’on me l’enlève pour les premiers soins. Je me sens juste… fatiguée, et pas forcément bien.

Notre première nuit se passera sans bébé, mis dans la garderie pour « nous laisser dormir tranquille ».
Nous resterons 6 jours à la maternité, suivis par des regards étranges et des discussions chuchotées (je pense évidemment que mon âge est en cause, ayant 17 ans à ce moment là). Il faudra attendre ma seconde grossesse pour apprendre que c’était un déclenchement inutile, sans être informée, des sutures sur des éraflures superficielles selon ma sage femme et l’impression de plus en plus évidente qu’on m’a privé d’un accouchement éclairé et « normal »…

Encore aujourd’hui, la relation entre mes 2 accouchements et mes deux enfants et moi sont différentes : j’ai encore du mal, malgré un suivi psychologique, à me sentir proche de ma fille aînée…

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