J’ai été totalement exclue de mon accouchement

J’étais très jeune lors de mon premier accouchement (19 ans). L’équipe m’a bien signifié dès mon arrivée que c’était n’importe quoi, et que j’étais trop jeune pour prendre quelque décision que ce soit. L’équipe m’adressait à peine la parole.

Pendant le travail le monitoring s’est mis à sonner, on ne m’a rien expliqué et on m’a fait respirer de l’oxygène au masque (chute du rythme fœtal, mais je ne l’ai su qu’après). J’ai été totalement exclue de mon accouchement, la péridurale était si forte que je n’avais plus aucune sensation.

Au lieu de me guider pour pousser, ils s’y sont mis à trois pour m’appuyer sur le ventre. J’ai eu une épisiotomie sans même qu’on me le dise. Dès que ma fille est sortie ils sont partis avec pendant deux heures, sans nous dire pourquoi et en refusant que le papa accompagne.

Leur violence a engendré une disjonction de la symphyse (je n’ai eu le diagnostic et le traitement que 8 ans plus tard).

Je souffrais le martyre sans comprendre pourquoi, et l’équipe me disait que c’était une bonne excuse pour ne pas m’occuper de ma fille.

Elles étaient très méprisantes, et il y a eu zéro prise en compte de ma douleur.

A mon retour à la maison je ne pouvais pas marcher.

C’est la sage femme, lors de la visite à domicile, qui m’a dit que j’avais eu une épisiotomie, il n’y avait rien sur le compte rendu.

La disjonction de la symphyse m’a handicapée pendant 8 ans avant que j’ose en parler pendant ma 2e grossesse. Le retentissement psychologique a été terrible, j’en ai encore des séquelles 25 ans plus tard.

L'expression abdominale ou la manœuvre de Kristeller

D’après la Haute Autorité de Santé : « L’expression abdominale est définie comme l’application d’une pression sur le fond de l’utérus avec l’intention spécifique de raccourcir la 2e phase de l’accouchement, période allant de la dilatation complète du col de l’utérus à la naissance de l’enfant par les voies naturelles. »
En 2007, la HAS affirme qu’il n’y a pas d’indications médicalement validées pour réaliser une expression abdominale et appelle à l’abandon de cette pratique en ajoutant que si cette dernière était tout de même pratiquée, cela devait être notifié dans le dossier médical de la patiente (on attend des soignant.e.s qu’ils notent noir sur blanc le fait qu’iels n’ont pas respecté les recommandations…)

Elle ajoute que « le vécu traumatique des patientes et de leur entourage et l’existence de complications, rares mais graves, justifient l’abandon de cet usage. »

En 2018, cette derrière recommande de ne pas la pratiquer (dernières recommandations pour l’accouchement normal) et l’OMS le rappelle à son tour dans ses Recommandations de l’OMS sur les soins intrapartum pour une expérience positive de l’accouchement.

Campagne de la fondation Salud con lupa
Campagne de l'association "El Parto es Nuestro"

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