Caroline, 33 ans, graphiste, 2 enfants a subi des violences obstétricales lors de son premier accouchement. 6 ans après, le diagnostic tombe : elle souffre de syndrome de stress post-traumatique. Après sa thérapie, elle reprend le crayon pour raconter son histoire sur Instagram.
sa bio : « La trentenaire traine ses #traumas jusqu’au jour où le corps dit STOP.
Petite histoire de mon #SSPT, en image et en humour »
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J’ai accouchée dans « THE » usine à bébé de la 2ème plus grande ville de France. J’avais fait toutes mes préparations à la naissance, je faisais confiance au corps médical et surtout, je ne voulais pas avoir mal… Mais je n’allais pas avoir mal car on m’avait vendu du rêve avec cette péridurale.
Le 6 avril, 5h du matin, les contractions commencent. Elles sont supportables. Vers 10h, toujours supportables mais vu que cela dure et que c’est régulier, je vais à la maternité comme on me l’avait appris. Là bas je tombe sur une SF qui porte un masque, elle est malade. On fait monito, vérification du col, etc. On me dit d’aller marcher avec mon mari. J’y vais, pdt 1h. Je reviens, la SF vérifie mon col et là, douleur horrible, je lui demande ce qu’elle fait : « ben je voulais mon décoller les membranes mais vous me laissez pas faire alors… » … Je ne réagis pas, je ne sais même pas ce que c’est. Elle ne recommence pas. Je retourne marcher, je reviens, je suis à 2. Elle me dit qu’on peut passer en salle (il est 16h). J’arrive en salle, je me mets sur le ballon 30sec et je me sent tellement soulagée ! Mais de suite la SF arrive, me dit d’aller sur le lit car on va me mettre la péridurale… Euh ok. Bon. Maintenant.
Avant elle me dit qu’on va percer la poche des eaux pour accélérer. Euh, ok. Puis l’anesthésiste arrive, elle est sympa, je suis soulagée puis me voilà reliée à la péri et une perf d’un liquide inconnu (synto…). Le temps passe, je dors, je ne sens plus rien. Plusieurs fois la SF vient, me vérifie, se plaint de la lenteur « Oh ben il faut se dépêcher madame, sinon je pourrai pas vous accoucher, ce sera mes collègues » (ça me fait une belle jambe). 20h, changement de personnel. Les nouvelles sont plus sympas. Mon bébé est pas bien tournée, on me met sur le coté. On attend…. je ne sais plus vers quelle heure, les douleurs reviennent, elles sont horribles, insupportables. L’anesthésiste revient, remet des doses, ça ne fonctionne tjs pas. Je supplie, mais elle me dit qu’elle me met déjà des « doses de cheval » et qu’elle ne peut pas faire plus. On donne le masque à mon mari pour qu’il me le pose à chaque contraction. Je hurle, je ne le supporte pas. Je ne sais pas combien de temps ça dure. Quand j’arrive à dilatation complète, on m’installe sans me demander (position gynéco). On me dit quand pousser en bloquant ma respi. Je sens toute la douleur, mais pas les poussées. Je pousse longtemps, je suis épuisée. On me dit que mon bébé remonte, que je dois pousser plus fort sinon on appelle le gynéco (terrible menace), on me dit que je dois m ‘énerver sinon c’est césarienne. Pas un mot réconfortant. Juste des menaces.
La tête est sur le point de sortir, on me dit que mon bébé arrive, on me dit de toucher, je hurle que non je veux juste qu’elle sorte, je pousse, je fais que ça, même hors des contractions, je veux juste que ça s’arrête. J’ai le souvenir d’une femme en bleu, je vois ses mains gantées sur mon ventre. Elle appuie. Je ne suis qu’un utérus. J’ai vraiment cette sensation qu’il y a ma tête et leur unique point d’intérêt, mon entre jambes.
Soulagement extrême à la sortie de la tête, petit souci aux épaules et voici ma fille, enfin sur moi. (il est 3h23, 4,140kg)
On est aux anges, j’oublie tout… quelques minutes plus tard, je manque de m’évanouir, on me prend mon bébé, on fait sortir mon mari. Je ne sais pas ce qu’il se passe. De 3 personnes en salle, en voilà 10. Je perds connaissance, je reviens. La jeune SF tente de me piquer sur la main, je sais pas pk, elle panique, elle y arrive pas. Je ne sais tjs pas ce qu’il se passe. On me file je sais pas quoi, me voilà complètement stone. Je comprends que ça va mal… Une idée me traverse l’esprit « Dieu merci, on a assuré notre prêt immobilier à 100% sur les 2 têtes… mon mari pourra assumer seule la petite après ma mort »… Je le dis à voix haute en fait… Quand je reprend mes esprits, la gynéco est entre mes jambes, c’est ses bras qu’elle entre en moi mais je n’ai pas mal (la vision me choque cela dit). On me dit que j’ai fait une hémorragie. Une SF vient la voir, lui demande si on annule le bloc d’urgence, réponse positive. Je revois la jeune SF qui a paniqué… je la rassure (elle me fait un peu de peine à ce moment). On me recou, je demande si j’ai eu une épisio. On me dit que non, juste une déchirure, 4pts (ouf). Mon bébé revient, mon mari aussi. Plus tard j’apprendrai qu’il ne savait absolument rien de ce qui se passait derrière la porte. 4ans après, mon dossier médical en main, j’apprendrais que j’ai perdu 1,6L de sang et que la délivrance a été « dirigée ».
J’ai assez mal vécu cette naissance. Je n’étais pas préparé à ça. Je me suis senti trompé… comment ai-je pu croire ma mère qui parlait du plus beau jour de sa vie ? comment ai-je pu croire la SF qui m’avait dit que je n’aurai pas mal ? Pourquoi on m’a rien dit ? rien expliqué ? rien demandé le jour J ?
Je passe sur le séjour à la maternité avec tous les « conseils » différents que j’ai pu avoir… les jugements pour le fait d’utiliser les bouts de seins en silicone pour allaiter ma fille car mes tétons étaient trop petits (merci à l’unique SF qui m’a dit d’envoyer chier les autres, que je devais faire comme je le sentais et que ça marchait très bien. Je l’ai allaité 1mois avec BDS, 7 mois en tout). J’ai eu cette sensation de passages constants dans ma chambre, entre paroles bienveillantes et rassurantes…et puis les autres.
La relation avec ma fille s’est faite difficilement. Mais je ne saurai pas dire si cela vient de l’accouchement ou tout simplement du bouleversement que cela à provoqué dans nos vies.