Une sage-femme de l’hôpital m’avait proposé de faire avec elle un plan de naissance. J’étais très peu informée et je n’ai fait inscrire que deux points très importants pour moi.
1er point : Je souhaitais avoir accès à la péridurale si je n’arrivais plus à gérer la douleur.
2e point : Je ne voulais pas d’expression abdominale, car j’avais entendu parler des dégâts provoqués par cette pratique. Pratique d’ailleurs considérée comme une erreur médicale depuis plus de 10 ans à l’époque des faits.
J’ai été convoquée pour une provocation à terme + 10. Une sage-femme passait toutes les 6 heures pour mettre une dose supplémentaire, elle en était à son 3e passage. Ces heures étaient longues mais comme les contractions étaient supportables, je me disais que c’était ok et que la sage-femme viendrait me soutenir le moment venu.
Je sens du liquide couler dans mon entrejambe et je sonne pour signaler à la sage-femme que la poche des eaux s’est fissurée. Elle vient m’examiner et me dit que non pas du tout, il n’y a pas de liquide. Elle est désagréable, elle me fait sentir que je l’ai dérangée pour rien et part aussitôt. J’étais pourtant certaine d’avoir perdu du liquide.
Elle venait à peine de fermer la porte que j’entends un gros « poc » et là, la poche se rompt franchement, je baigne dans le liquide amniotique. Je re-sonne aussitôt en pensant qu’elle allait revenir en arrière et me demander ce qu’il se passait, mais non.
J’ai dû attendre un long moment avant qu’une autre sage-femme arrive.
J’avais maintenant des contractions extrêmement violentes et rapprochées aux 2 minutes (à l’époque, je ne savais pas que c’était l’un des effets du déclenchement.) Je profite donc qu’une sage-femme soit (enfin) là pour demander si c’est possible d’avoir accès à la péridurale. Elle me répond que non, mais qu’elle va aller chercher une injection de morphine en attendant la péri. Je me tords de douleur, et les minutes passent, je m’aperçois que cela fait plus d’une heure que cette injection m’avait été proposée. Je ne tiens plus et je sonne. La sage-femme arrive et me demande pourquoi je sonne. Je lui dis que cela fait plus d’une heure que je l’attends avec cette injection de morphine ! Elle me répond :
-« Désolée, je vous avais complètement oublié. »
Je lui dis alors d’aller chercher l’injection, elle me dit qu’elle veut d’abord examiner mon col de l’utérus. Puis me dit : – « Maintenant, ça ne vaut plus la peine de faire cette injection. On va plutôt vous faire une péridurale. » Je lui demande dans combien temps vais-je pouvoir avoir la péridurale ? Elle me répond d’ici une demi-heure et repart de ma chambre. Je ne me suis jamais sentie aussi seule, les sages-femmes n’ont jamais passé plus de 5 minutes dans ma chambre et à chaque fois c’était pour vérifier le monitoring et mon col. Chaque examen du col me faisait une douleur atroce que je ne comprenais pas. Il s’est avéré qu’elles ont pratiqué plusieurs décollements de membranes sans m’en avertir et donc sans mon consentement. Jamais une sage-femme ne m’a pris la main ou offert sa présence durant quelques contractions, jamais une sage-femme n’a respiré avec moi, jamais une sage-femme ne m’a massé. Jamais on ne m’a proposé un ballon ou quoi que ce soit de non médicamenteux pouvant me soulager. J’attendais donc cette péridurale avec impatience. Cela faisait maintenant plus d’une heure qu’on me l’avait promise et je n’étais toujours pas en salle d’accouchement. Arrive enfin, une sage-femme pour m’y emmener. Je convulse de douleur à chaque contraction et j’ai à peine 30 secondes de répit entre chacune. Je dis à la sage-femme que je ne vais pas arriver à marcher car j’ai trop peu de pause entre les contractions et que j’ai besoin d’un fauteuil. Elle me fait un sourire méprisant et condescendant et me dit sèchement : -« Non, vous irez à pied. » J’ai donc attendu la fin d’une contraction et me suis levée. Je criais: – « Mais où est la salle d’accouchement, à gauche, à droite, où ? » Je demandais cela car j’avais besoin de m’y rendre le plus rapidement possible avant qu’une autre contraction ne reprenne. La sage-femme, amusée par ma précipitation n’a pas répondu à ma question. C’est mon mari qui a fini par m’indiquer la direction. Une fois dans la salle, je pensais mon calvaire terminé. Cela faisait maintenant plus de 2h30 que j’attendais cette péri mais toujours pas de sage-femme pour me soutenir, ni de péridurale en vue.
Je craque et fini par demander ce qu’il se passe. On me répond que le problème, c’est qu’il n’y a plus d’anesthésiste dans l’hôpital. Alors même qu’ils nous avaient assurés durant les cours de préparation à la naissance qu’un anesthésiste était toujours présent au sein de l’hôpital. Ils finissent par faire venir un anesthésiste depuis chez lui. Il me pose enfin cette péri, mais 30 minutes après la pose je ne suis toujours pas soulagée et je demande si c’est normal. La sage-femme fait le test du froid et seule une cuisse est endormie et paralysée. Ils me posent une 2e fois la péri, cette fois elle fonctionne durant 2 heures de temps, mais malheureusement cesse avant l’expulsion du bébé.
L’expulsion ne se passe pas aussi vite que le personnel le souhaite et me menace d’une césarienne, puis me font une expression abdominale sans mon consentement, alors que j’avais fait écrire dans mon dossier que c’était L’ACTE QUE JE REFUSAIS.
Ils me font également une épisiotomie à vif dans la foulée.
Je précise que mon bébé n’a jamais montré le moindre signe de faiblesse (CTG parfait) qui aurait pu motiver leurs décisions.
J’ai aussi été séparée du bébé à la naissance, sans justification particulière. Ils ont fini par le redonner au papa. À nouveau, nous étions seuls (toujours dans la salle d’acc), la sage-femme n’étant restée avec nous uniquement pendant les 40 minutes de l’expulsion.
Pendant cet accouchement, j’ai eu l’impression d’être un bout de viande que l’on pouvait charcuter à souhait et auquel cela ne valait pas la peine d’adresser la parole.
On m’a laissée toute la nuit avec un sac de glace sur le ventre pour prévenir une éventuelle hémorragie, c’était si froid que cela me brûlait, j’ai alors demandé si je pouvais l’enlever, on m’a répondu que non. Ignorante et affaiblie que j’étais, je l’ai gardé toute la nuit…
Personne ne m’a montré comment positionner mon bébé au sein malgré ma demande et le lendemain j’avais un gros hématome sur le mamelon. Une sage-femme s’est énervée en haussant fortement le ton pour me dire que « quand même, j’aurai dû faire attention ! Et que maintenant je ne pourrais peut-être plus allaiter à cause de ma négligence.«
Je me plaignais de fortes douleurs à mon épisiotomie, mais on m’a dit que ce n’était rien et donné du paracétamol (autant dire que je n’étais pas soulagée) . Il s’est avéré que les points avaient lâchés. Ils ont refusé de me recoudre (risque d’infection), je me suis donc retrouvée avec une plaie béante durant 6 semaines.
Au final, après cet expression abdominale et épisiotomie (mutilation génitale) je me suis retrouvée avec une descente d’organe et une incontinence des selles et des urines. De fortes douleurs à ma cicatrice d’épisiotomie durant plus d’une année et une vulve défigurée. Il m’a fallu un long travail de reconstruction tant moral que physique pour pouvoir envisager la venue au monde d’un autre enfant.
Je terminerai sur une note positive en disant que j’ai eu d’autres enfants depuis et que c’est clairement cette expérience traumatisante qui m’a donné la force de dépasser mes craintes et aprioris. J’ai donc fait le choix de faire appel à une sage-femme indépendante et d’accoucher naturellement, hors du milieu hospitalier.
Des accouchements merveilleux, notamment grâce à la présence bienveillante de la sage-femme et de ma doula. Et pas de dégât sur mon périnée malgré les prédictions calamiteuses du gynécologue.