Il s’assoit face à moi sans me regarder pendant qu’on m’attache les pieds sur les étriers.

À partir du moment où mon fils s’est engagé dans le bassin j’ai eu mal en bas et dans les fesses, malgré la péridurale posée quelques heures avant. La sage-femme a balayé ma douleur en affirmant que si je n’avais pas mal lors des contractions c’est que la péridurale fonctionnait. Puis j’ai eu envie de pousser très fort, elle a soufflé en disant que c’était trop tôt, mais on s’est quand même installé. Au bout de 30mn de poussées une gynéco arrive, pose une ventouse, mais ça ne marche pas. Et là commence la vraie boucherie selon moi.

Pose de forceps, j’hurle de douleur, mon fils sort, j’ai mal mal mal. On le pose sur moi, mais rapidement on demande à mon conjoint de sortir de la salle avec notre fils « en faisant bien le tour et sans regarder« . On m’explique que j’ai une déchirure et que cela nécessite des points.

Un 2e gynéco arrive, il ne se présente pas, il s’assoit face à moi sans me regarder pendant qu’on m’attache les pieds sur les étriers. Il m’examine, je sursaute de douleur.

Il râle : « si la dame est pas détendue je peux rien faire moi, mettez lui une dose« .

Je suis sidérée, j’ai mal et j’ai peur, je reste silencieuse. L’anesthésiste arrive et se rend compte avec les tests de sensibilité que la péridurale ne fonctionnait pas partout. Il injecte une dose de produit. Une dame me caresse le bras et à de nombreuses reprises elle interdit au gynéco de commencer la suture. Apparemment les 7mn requises pour que l’anesthésie fasse effet sont superflues pour lui.

Il me semble que ça a duré 2h. Je me souviens avoir vu les aiguilles de l’horloge faire plusieurs fois le tour, moi je voulais juste retrouver mon fils et mon conjoint. J’ai appris par hasard par la suite que j’avais eu une déchirure totale du périnée, c’est rare, la plus grave possible. Je comprends mieux ma douleur lors de l’accouchement.

Il y a 2 ans j’ai consulté un gynéco spécialisé en reconstruction périnéale qui m’a confirmé que tout était à reprendre. En effet j’ai des incontinences et des douleurs. Ça c’est le côté physique. Mais j’ai également souffert de stress post traumatique pendant de longs mois. Ma visite post natale a eu lieu avec la gynéco qui a posé les forceps. Elle avoue du bout des lèvres que depuis mon accouchement elle procède autrement pour poser les forceps.

Pas d’excuses, pas d’empathie lorsque je lui parle de mon ressenti et des douleurs. Ma vie a été bouleversée par cet événement qui devait être heureux mais qui à cause de ces professionnels a été traumatisant.

Je ne souhaite cela à personne. Il m’a fallu des séances de thérapie et d’hypnose, ainsi que 4 ans avant de pouvoir parler de mon accouchement sans pleurer. Par contre je ne peux toujours pas écouter des récits de naissance « de rêve », ça me pince trop le coeur. Personne ne mérite d’être traité comme ça …

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