La veille de mon accouchement, la poche des eaux s’est rompue avec du sang vers 21h30-22h. La présence du sang ainsi que le fait que j’avais un taux de plaquettes bas, nous a beaucoup inquiété mon conjoint et moi. Arrivés à la maternité, la sage-femme m’a fait les examens nécessaires (toucher vaginal, monitoring, analyse d’urine, prise de sang). Avant de partir en chambre car le col était postérieur (on suppose fermé car je suis sensible au toucher vaginal) et peu de contractions sur le monitoring.
Je suis redescendu au bloc obstétrical vers 3h du matin (les contractions commençaient à être douloureuses.) Mon col était ouvert à 2, il était trop tôt pour pouvoir brancher l’anesthésie péridurale. La sage-femme m’a donc fait une piqûre pour soulager la douleur et continuer les contractions. Elle m’a ensuite installée dans la salle d’accouchement. J’étais allongée sur le côté droit avec un coussin d’allaitement.
Vers 5h30, les contractions étaient de plus en plus douloureuses, je le signale à la sage-femme qui m’explique qu’elle va téléphoner à l’anesthésiste de garde pour venir me faire la péridurale. L’anesthésiste arrive et me fait la péridurale vers 6h15. La péridurale m’a soulagée au niveau des douleurs mais j’étais perturbée par le fait que je puisse bouger mes jambes alors que pour mon premier accouchement, mes jambes étaient complètement endormies.
Vers 7h30, la sage-femme me fait un toucher vaginal pour vérifier le col qui était à 7.
L’équipe médicale de jour est arrivé à 8h. A ce moment-là, j’ai ressentie des douleurs au niveau des fesses (ou en bas du dos côté gauche) ; je l’ai signalé à l’équipe qui m’a répondu que ce n’était pas des douleurs mais une gêne car j’avais une bonne péridurale. Cette douleur n’était pas en continue mais je l’ai ressentie à plusieurs reprises et ce, jusqu’à mon accouchement, l’équipe n’ayant pas pris en compte mes douleurs.
Au moment d’accoucher, la nouvelle sage-femme m’installe en position gynécologique (allongée sur le dos et mes jambes posées sur les étriers). Elle a effectué le rasage du pubis sans m’en informer et sans demander mon consentement. Elle m’a dit : « vous avez que deux poussées à faire et vous n’aurez pas de déchirure ni d’épisiotomie ».
Elle m’a également dit « le gynécologue ne va pas être content. » mais je ne me rappelle plus pour quelles raisons elle m’a dit ça.
A son arrivée, le gynécologue obstétricien, ne s’est pas présenté et n’a pas salué. J’ai ressenti rien qu’à son regard qu’il était impatient, il semblait être pressé et mécontent d’être la…
L’équipe médicale a été très exigeante sur la position de mes jambes, mes mains et mes coudes pour faire les poussées. Je devais poser mes mains sur deux barres et bien positionner mes coudes. Ma jambe droite était sur un étrier qui n’était pas bien fixé. C’est alors que l’étrier est tombé sur le côté, ce qui a fait également chuter ma jambe. Cela a dérangé l’équipe médicale.
Mon conjoint a proposé de tenir ma jambe, l’équipe lui a répondu « non ». J’ai voulu placer mes mains sous mes cuisses en pensant que ça permettrait de ne pas faire bouger ma jambe, l’équipe a dit « non ».
J’ai ressenti beaucoup de pression, de stress, aucun soutien de la part de l’équipe médicale pour me rassurer, me sécuriser et m’aider à me concentrer à faire les poussées.
J’ai réussi à faire la première poussée.
Au moment de faire la seconde poussée, je n’ai pas réussi à me concentrer pour bloquer la respiration afin de pousser ( j’ai inspiré puis j’ai soufflé avec la bouche ouverte) c’est alors que j’ai ressenti de nouveau cette douleur au niveau de mes fesses et du bas de mon dos et j’ai crié très fort et longtemps, ce que l’équipe médicale n’a pas du tout appréciée. On m’a dit, je cite : « arrêtez de crier, vous allez faire peur à votre bébé », mais à aucun moment on m’a demandé la raison de mon cri !
A cet instant, le gynécologue m’a donc fait une épisiotomie sans m’en informer et sans demander mon consentement. De plus, il a utilisé des spatules pour aider le bébé à sortir, et ce, sans m’en avertir, toujours sans mon consentement.
Pendant les poussées, l’auxiliaire de puériculture ainsi que la sage-femme ont exercé des expressions abdominales. J’ai appris plus tard que cet acte était déconseillé par la HAS depuis 2007. Mon nouveau-né tout juste posé sur mon ventre, le gynécologue a tiré sur le cordon ombilical brutalement pour extraire le placenta. C’est alors que ma jambe est de nouveau tombée sur le côté et j’ai bougé un peu mes fesses.
Au même moment, la sage-femme a demandé à mon conjoint de faire le tour (on suppose pour couper le cordon ombilical) et à cet instant, le gynécologue a dit à mon conjoint sur un ton sec, je cite : « sortez » sans même donner d’explication et a appelé l’anesthésiste.
Mon mari, bouleversé, s’est exécuté sans avoir pu couper le cordon ombilical. On a appris beaucoup plus tard que l’anesthésiste avait été appelé pour me faire une anesthésie générale.
Alors que mon conjoint patientait dans la salle d’attente sans aucune idée de ce qu’il pouvait se passer, il a remarqué que l’anesthésiste faisait plusieurs aller-retour entre la salle d’accouchement où j’étais et une autre salle. Pas une seule fois ce dernier n’est intervenu auprès de mon mari pour le rassurer et lui donner quelques explications.
C’est lors de son retour en salle d’accouchement que la sage-femme a informé mon mari que je venais de subir une anesthésie générale car, je cite « elle n’a pensé qu’à elle et pas au bébé ».
Les paroles de la sage-femme ont été vraiment irrespectueuses et injurieuses. Elle a dit aussi que l’équipe ne comprenait pas pourquoi je n’étais toujours pas réveillée malgré qu’ils m’aient tapoté sur les joues.
A mon réveil, J’ai remarqué l’absence du gynécologue et de l’anesthésiste. Seulement, mon conjoint, notre bébé et l’auxiliaire de puériculture étaient présents dans la salle d’accouchement. Seul mon conjoint m’a parlé : Il m’a dit qu’on m’avait fait une anesthésie générale et m’a annoncé le poids de notre bébé. Aucune personne de l’équipe est venue me voir pour me rassurer, m’expliquer ce qui s’était passé et me donner les raisons pour lesquelles on m’avait fait tout cela.
Le lendemain de l’accouchement, le gynécologue et la sage-femme sont venus me voir en suite de couches. Le gynécologue m’a clairement dit, je cite : « vous n’avez pas fait de poussées et vous devez aller consulter une assistante sociale. » J’étais seule face à eux, avec mon bébé dans les bras. J’ai eu peur et je ne voulais pas leur parler. J’ai été dévastée lorsque j’ai entendu le mot « assistante sociale ». J’ai pleuré lorsqu’ ils ont quitté la chambre.
La sage-femme devait revenir me voir le soir même pour qu’on ait une discussion, elle n’est jamais venue. De plus, je n’ai pas eu vraiment de suivi médical ce jour-là : juste une prise de tension le matin par la sage-femme qui était présente lors de mon accouchement. Elle s’est d’ailleurs permise de me dire que je faisais très mal ma toilette du périnée car l’épisiotomie était très gonflée et que normalement les points devaient tomber dans les 3 jours et que je devais me doucher au moins 8 fois par jour.
Le cathéter qui avait été posé sur mon avant-bras m’a été enlevé que deux jours après mon accouchement. La veille mon mari en avait fait la demande auprès des infirmières qui lui avaient répondu que l’infirmière de nuit l’enlèverait. Elle ne l’a pas fait car elle m’a expliqué que je devrais faire le lendemain un cycle glycémique suite à un diabète gestationnel et que ce dernier pourrait être fait via le cathéter. Le lendemain, l’infirmière du laboratoire m’a bien effectué un cycle glycémique mais le cathéter n’a pas été utilisé.
Une semaine plus tard, je ressentais de très fortes douleurs à l’avant-bras sur lequel était posé le cathéter ainsi qu’une perte de force pendant plusieurs jours.
À mon retour à domicile, ma sage-femme libérale, lors d’un contrôle de la cicatrice de l’épisiotomie, a découvert que j’avais eu également une déchirure qui ne m’avait pas été signalée. Elle m’a alors conseillée de réclamer mon dossier médical car elle était stupéfaite du déroulement de mon accouchement.
À savoir que depuis mon accouchement, entre décembre 2018 et mars 2019, j’ai ressenti des douleurs en bas du dos côté gauche ainsi que sur ma hanche gauche et cuisse gauche, c’étaient les mêmes douleurs ressenties le jour de mon accouchement. J’ai consulté mon médecin traitant qui pensait au départ à une sciatique et m’a donc
prescrit des séances de kinésithérapie. Ma kinésithérapeute m’a expliqué qu’il ne s’agissait pas d’une sciatique mais d’un problème au niveau du sacro-iliaque et que la cause de ces douleurs étaient liée à mon accouchement traumatique. J’ai également un suivi psychologique accompagné d’un traitement EMDR.
Les suites données auprès de l’hôpital et du conseil de l’ordre
J’ai contacté l’association CIANE qui m’a beaucoup soutenue et aidée dans les démarches. Sur leur conseil, J’ai écrit une lettre pour demander des explications au médiateur de la clinique. J’ai eu un rendez-vous de médiation avec la Commission des Usagers (CDU) de la clinique le 12 mars 2019.
Au RDV de médiation, la sage-femme et le gynécologue qui m’ont accouché n’étaient pas présents. La CDU (la commission des usagers) a reconnu que ce n’est pas normal ce qui s’est passé à mon accouchement, le gynécologue m’a expliqué tous les éléments écrits dans mon dossier médical mais n’a pas pu répondre à mes questions. Il a même dit qu’il a honte et la CDU s’est excusée… Le gynécologue qui nous a reçu était le président de l’Ordre des Médecins de la Haute-Garonne, il a dit qu’il va envoyer un courrier au gynécologue qui m’a accouché pour poser les questions et demander des explications, il va faire le nécessaire pour que je reçois une réponse de sa part. Si pas de réponse dans les 3 mois, il faut que je fasse un signalement de ce gynécologue à l’ordre des médecins des Alpes Maritimes (car le gynécologue a déménagé à Nice en février 2019). J’ai signalé à la CDU mes douleurs ressenties 3 mois après mon accouchement traumatique. Le gynécologue m’a conseillé de faire 2 IRM pour voir s’il y a quelque chose ou pas.
Mi-juillet 2019, j’écris à l’association CIANE pour leur signaler que je n’ai toujours pas reçu de réponse, ni le compte-rendu du RDV de médiation et mon souhait de faire le signalement auprès du Conseil de l’Ordre des Médecins. Le CIANE m’a conseillé de saisir l’ARS (par mail) pour obtenir le compte-rendu et m’a donné le feu vert pour faire la lettre de signalement. Fin juillet 2019, j’ai reçu un courrier de l’ARS me signalant qu’elle a fait le nécessaire. A ce jour, je n’ai toujours pas reçu le compte-rendu.
En août 2019, je décide de faire un signalement contre le gynécologue. J’ai déposé une doléance auprès du Conseil de l’Ordre des Médecins des Alpes-Maritimes.
Comme vous avez pu le lire précédemment, j’ai été victime des faits suivants :
- Je n’ai pas été informé des faits et gestes qui m’ont été prodigués lors de mon accouchement
- J’ai été victime d’une absence de demande de consentement libre et éclairé comme l’exige la loi Kouchner de 2002
- J’ai subi, ainsi que mon mari, l’attitude inadmissible et non déontologique du gynécologue
- J’ai été victime du non respect de la bientraitance et des droits des patients.
J’ai contacté à plusieurs reprises le Conseil de l’Ordre pour demander des nouvelles sur ma doléance. Ma doléance a été pris en considération un mois après l’avoir envoyé et le gynécologue allait être informé de ma doléance. En février 2020, j’ai appris que le Conseil de l’Ordre des médecins ont reçu les explications du gynécologue. Je les ai de nouveau contacté début juillet 2020 et on m’a proposé un RDV vers la mi-août pendant mes congés pour nous faciliter le déplacement jusqu’à Nice. Je contacte donc le CIANE pour leur informer de ma convocation au Conseil de l’Ordre des Médecins. Mais j’ai été déçue de la réponse sèche de leur part. L’association n’a pas compris pourquoi j’étais convoquée pour une simple doléance (on n’est pas convoqué par le Conseil de l’Ordre des Médecins pour une doléance mais pour une plainte) et, de plus, il aurait fallu que je la contacte d’abord avant de prendre RDV avec le Conseil de l’Ordre des Médecins ! J’ai été très déçue par leur absence et je suis donc allée au RDV seule.
Il a fallu attendre presque 2 ans et se déplacer jusqu’à Nice pour connaître la « vérité », obtenir des réponses à mes questions .. Juste une petite information qui aurait dû nous être transmis pour comprendre ce qui s’est passé et éviter de souffrir physiquement et psychologiquement pendant 2 ans.. Le RDV ne s’est pas vraiment bien passé.. Après 2h d’attente, mon conjoint n’a finalement pas pu m’accompagner car nos deux enfants avaient besoin de prendre l’air. J’ai été reçue par deux médecins à 20h pour une durée de 30 minutes (déjà épuisée par l’attente) juste pour apprendre une petite information qui justifie le besoin de l’anesthésie générale juste après la naissance de mon bébé : le placenta est sorti incomplet tout simplement.. Voilà pourquoi j’ai subi une révision utérine que j’ai découvert quelques semaines après avoir réclamé mon dossier médical !
Pourquoi tout cela ne nous a pas été dit à la maternité ?! Pour éviter toute cette souffrance justement que j’ai subi, et toutes les autres séquelles : renferment sur soi, refus de parler de tout ça à des amies que j’ai perdues par la suite, douleurs physiques pendant plusieurs mois, suivi psychologique accompagné d’un traitement EMDR etc..
Le pire de tout ça est d’apprendre que je n’aurai pas le soutien du conseil de l’ordre des Médecins des Alpes-Maritimes car d’après eux, le gynécologue a aucun reproche à se faire, soit disant il a tout noté sur le dossier médical, détaillé mon accouchement avec toutes les informations et donné les informations à ma gynécologue qui m’a fait le suivi de grossesse.. Alors que moi j’ai trouvé aucune information concernant la rétention placentaire sur mon dossier médical. L’équipe médicale des suites de couche avait aucune information également puisqu’ils n’ont pas su répondre à la question sur le pourquoi de l’anesthésie générale ! Je voulais montrer mon dossier médical à ces médecins mais ils n’ont pas voulu le regarder. Les séquelles physiques que j’ai eu suite à mon accouchement sont normales d’après eux. A un moment donné, les médecins m’ont dit sur un ton sec : « Vous voulez porter plainte ou non ?! ». Je leur ai répondu que je voulais des explications. J’ai insisté pour dire que je n’étais pas du tout informé pour la rétention placentaire. Je n’ai pas su me défendre, dire qu’il y avait aucune information sur mon dossier médical. J’ai juste réussi à leur faire comprendre que les transmissions n’ont pas été faites. Et j’ai oublié de poser des questions sur certains points (Qu’entend le gynécologue par « panique maternelle » et « agitation +++ » ? Quel est le rapport entre le fait que l’on ne m’a pas laissé pousser et l’assistante sociale ?) J’ai laissé tomber la question sur le consentement puisque d’après ces médecins il est normal que le gynécologue ne m’ait pas informé pour l’épisiotomie et l’anesthésie générale.